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Ataï et moi – Editions Noir au Blanc

Nouvelle-Calédonie,
1853, prise de possession de la Nouvelle-Calédonie par la France.

1878. Le grand chef Ataï devient l’âme de l’insurrection kanak.

Cet épisode sanglant de l’histoire coloniale marquera profondément les
esprits, laissant plus d’un millier
de morts dans les deux camps.

Musée de Nouméa, de nos jours.

Une jeune fille attend dans une
salle d’exposition. Elle entre en
conversation avec le masque mortuaire
d’Ataï…

Avec l’écriture d’Ataï et Moi !, Claudine Jacques propose une
version décalée dans le temps de la rencontre et de l’affrontement.

Deux personnages symboliques, deux histoires où le colonisateur et le colonisé ont changé de visage.

Ataï et Moi !, une relecture passionnante d’un épisode cruel dans l’histoire de la Nouvelle-Calédonie.

Nouvelles chroniques – RFO radio (2012)
Ataï et moi, une pièce de Claudine Jacques
Une jeune femme a rendez-vous dans un musée désert avec son amoureux. L’homme qu’elle attend ne viendra pas. Elle fera, en revanche, une autre rencontre, de celle qui marque toute une existence. Dehors, des slogans, le bruit d’une manifestation : on s’insurge contre la faiblesse des retraites. Sur la scène, pas grand-chose : trois mâts-totems où la part de la terre rouge décroît, remplacée par des tours d’habitation et la tache bleu-vert du roi nickel. Sur un socle, un drap. Sous le drap, dans l’obscur, seul parmi les ombres des objets morts et muets, un masque, l’empreinte des traits d’Ataï, grand chef de Kowalé, âme de l’insurrection kanak de 1878.
Et contre toute attente, le masque parle, revient à la vie, se découvre sans corps, privé de ses mouvements, avec cette mouche dont le bourdonnement obstinément le poursuit, avec cette ancienne blessure au bras dont la douleur perdure, avec surtout tous ces souvenirs sanglants qui le hantent… « Passe…. passe… », invite la voix grave du guerrier qui ne souhaite pas s’appesantir sur les tueries passées. Car la jeune fille sans nom, qui est « Moi », toi, nous, lit le cartel accroché sous le masque. Au fil des mots, le passé s’éclaire. À la version officielle et froide du musée, Ataï substitue sa pensée vive, son souffle, sa présence, cette force qu’il finit par transmettre à la frêle jeune fille qui lui fait face.
Au fil des échanges et des confidences, le héros, le mythe lui-même disparaît. Ne reste qu’un homme de tous les temps, proche de nous par ses cris, ses colères, sa capacité à se souvenir, son aptitude à comprendre et à partager. Loin d’écarter l’intruse, l’esprit d’Ataï l’investit et nous englobe aussi dans sa vision, dans cette affirmation d’une vie qui se transmet malgré tout. Oui, nous ne pouvons pas mourir tant que, de nous, un cœur humain se souvient.
Les deux personnages incarnés par Max Darcis (disant hors scène, à l’aveugle, les mots brûlants d’Ataï) et Delphine Mahieu (dont la solitude fait écho à celle, immense, du spectre), ont fait pénétrer un singulier rayon de soleil durant le festival Écrits d’ici, au Théâtre de l’île. Merci à la Cie Alétheïa d’avoir pris ce pari osé et respectueux,

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