FIN KALOLO

LE VER DE « BANCOULE »

On a chanté le Lantana,
On a chanté le Mimosa,
Les palétuviers roses,
Et tous les Bégonias…
Mais là-bas, là-bas, là-bas,
Sur un arbre qu’est gros com’ çà,
Y’a un ver qu’est gros com’ çà,
Çui’là c’est ton ver à toi !

Refrain

Toi le ver de bancoule,
Accroché au bancoulier, En fleurs,
Qui n’a pas la même boule,
Que le ver de cocotier, En fleurs,
Les tourterelles roucoulent,
A l’ombre des bananiers, En fleurs,
Mais toi le ver de bancoule,
Tu es sur ton bancoulier, En fleurs !

Oh ! Ma douce Calédonie,
Toi qui es mon vrai paradis,
Tes récifs de corail,
Tes succulentes papayes
Mais là-bas, là-bas, là-bas,
Y’a un ver qu’est gros com’ çà,
Tu lui casses la tête com’ çà,
Tu aspires… et puis voilà!

Refrain : Çà, c’est le ver de bancoule…

Si un jour je dois partir,
Loin de ma Calédonie,
Visiter tous les pays,
Moscou, Londres et puis Paris…
Mais là-bas, là-bas, là-bas,
Même si c’est fin beau tout çà
Quand je mangerai du nougat…
C’est sûr je penserai à Toi !

Refrain.

Juin 1960

NOTRE CAILLOU

Quand j’étais tout petit à l’école, la maîtresse nous disait :
« Les gosses il faut bien travailler…
Com’ çà plus tard quand vous serez grands, vous aurez du boulot et du pognon ;
Et du coup vous pourrez voyager, visiter Djakarta, Singapour, Bali et Sydney…
Vous verrez des endroits fabuleux.
Le soir au coin du feu vous en bouch’rez un coin aux vieux ! »
Bébert et moi on lui a dit… « Nous, on préfère rester ici !… 

Refrain

Dans notre beau pays, c’est plein de cocotiers
De fleurs de niaoulis, flamboyants et bougainvilliers
Dans notre beau lagon, tu choisis ton poisson
Des picots, des dawas, des becs et des saumonées…
Quand on en a raz l’bol de travailler, on s’pète une bonne sieste sous les jamelonniers
Mais pour un coup d’chasse, là on n’est jamais fatigués
Si tu tiens bon chez nous, jamais plus tu oublies…
Notre caillou, oui, la Nouvelle-Calédonie !

Comme prévu, nous on n’a rien fout… on voulait dev’nir flics…
On a fait de la politique !
Et c’est grâce aux Accords d’Matignon, qu’on a eu du boulot et du pognon !
Le Ministre nous a même invités ; on est allé claquer un coup d’coutume à l’Elysée !
Tout partout ils nous ont baladé. »
Y’a des mecs en costard qui nous rabâchaient tous les soirs :
« En France, nous avons des merveilles » …
Alors on a dit aux zoreils : ………

Refrain…

« Bébert et moi on a eu des gosses, bien sûr com’ leurs parents
Y connaissent la guitare à fond !
Chez les nous z’auts quand on claque un coup d’fête, y font l’picot grillé et les roussettes
Avec leur instit ils sont partis, pour voir les Koalas, les Kangourous en Australie
Ils se sont cassés la gueule en skis… »
Un English leur a dit : « Vous avez la chance d’être ici …
Welcome in Australia, children… »
Les gosses ont chanté aux pokens :

Refrain

“In our small country, we have coconut trees
White niaulis flowers and a lot of many others…
In our deep, blue, sea… all is best quality… y
We have a lot of fishes and sometimes they speak English.
Quand on en a raz-l’bol de travailler, on s’pète une bonne sieste sous les jamelonniers
Mais pour un coup d’chasse, là on n’est jamais fatigués
Si tu tiens bon chez nous, jamais plus tu oublies…
Notre caillou… Oui, la Nouvelle Calédonie » !

Musique et texte créés en 1991.

LA BANDE A BERGER

Depuis bien longtemps et dans le monde entier
Le plus important c’est de bien rigoler,
Grâce aux hiéroglyphes et aux bambous gravés,
On sait qu’nos anciens connaissaient les B.D…
Quand nos grands parents lisaient les Pieds Nickelés,
Les Quinquins s’éclataient avec Batman et Mickey…
Pour se fendre la gueule… et se décontracter,
Nous on a les mecs de la Bande à Berger.

Refrain

Y vend des crabes mous, du Nuoc Mam, des bibiches, des slips, des bananes…
T’as reconnu… bien sûr, c’est Tathan
Avec ses diplômes et sa prime grâce au cinq-cinq, y s’fait pas d’bile
Pas d’problème… ce mec, c’est Joinville…
Pour péter un cerf ou une bouteille carrée,
Y’ manqu’rait quelqu’un « si y’aurait pas » Dédé…
Celui qui pousse des coups d’gueule, mais a des copains à la pelle
Et le cœur gros… com’ un Père Noël…
Sa brousse, sa plate, sa camionnette, Massis, Mimine, sa vieille topette,
C’est Tonton… C’est Tonton Marcel !

Dans son magasin, Tathan a tout c’qui faut…
Quand y’a plus d’cravates, il découpe ses rideaux
Quand Joinville invite un Zoreil à bouffer…
Y’a le curry d’crabes que lui a r’filé Dédé…
Quand les mecs sont constipés dans la tribu
Y’a Tonton Marcel qui leur « enwoye » son cri-qui-tue…
On se fend la gueule… On est décontracté…
En lisant les gags de la bande à Berger !

Refrain

Les mecs en mission qui viennent sur not’ Caillou,
A peine débarqués ils pensent qu’ils connaissent tout !
Quand tu leur demandes, de planter un Sikol…
Ils disent « On n’a pas cet arbre en Métropole » !
Si l’fils à Marcel… racontait ces sornettes…
Sûr qu’il ramass’rait une dérouillée à coups d’claquette
Pour nous, les Zoreils sont vraiment intégrés
Quand ils ont compris Ollivaud et Berger !

Refrain

Les nous z’aut’s, faut pas qu’on oublie qu’ceux qui ont fait la Calédonie,
Sont des tontons… des Tontons Marcel !

Musique et texte crées en 1991

LE TOUR CYCLISTE

Depuis au moins une semaine les Travaux Publics ils boulonnaient sur la route, et entre nous les gosses, on se disait :
« C’est sûr que Monsieur l’Haussaire y va pas tarder à venir se jeter un bougna de plus derrière sa cravate dans notre petit village »…
Mais non !… C’est pas çà. Le moniteur il a dit un matin :
« Tention les gôsses, y’a les vélos qui vont bientôt passer par ici. »
Voilà le jour « H » qui arrive, et tous les nous z’auts on est parti tient bon devant la maison commune, pour regarder l’arrivée de nos pédaleurs locaux.
Y’avait un bon paquet d’mecs et, en plus, moi je voyais peau d’balle à cause qu’il y avait un grand mec juste devant moi… Tu sais, c’est celui qui parle à la radio; tu vois, quand y parle… ben sa bouche elle marche à fond et du coup moi je croyais qu’il mâchait un morceau de canne à sucre… Mais non !… Alfred m’a dit : « Kasses pas la tête, ce mec on doit le payer au nombre de mots à la seconde, alors c’est pour çà qu’il envoye à la douille ! »
Eh… la chance pour moi le grand mec il a bougé et c’est l’autre… un plus petit… qui vient devant moi. Oui ! Ç’ui-là je le connais bien, c’est Henry Milliard. A à cause qu’il raconte toujours les matchs de foot à la radio… et que le son de la voix pour lui ressemble à un sac de billes qui dégringolent sur des tôles ondulées !
Tout d’un coup on entend : « Allo Allo » ? C’était le vieux Fontaine avec sa 404… qui disait bonjour à tous les enfants mais qui demandait aussi de pas foutu les pieds trop sur la route, paceque les coureurs y sont pas loin.
Çà y’est ! Au bout de la ligne droite y’a un nuage de poussière et tout le monde se met à crier : « Voilà les pédaleurs qui arrivent »…
Mais tout le monde se trompait : c’était Adrien le facteur qui arrivait à la tôle avec son vélo PTT… Mais çà fait rien… tout le monde rigole et tape des mains cômême et du coup, Adrien profite pour planter un démarrage devant nous !
Cette fois, on peut pas se tromper, c’est bien eux. Moi j’ai pas pu voir c’est qui, qui a gagné, parce que le premier vélo m’a balancé une poignée de caillasse bien de chez nous en pleine gueule, dis donc… Mais j’ai entendu un copain qui disait :
« C’est encore le zoreille qui a battu tout l’monde ».
Moi j’étais fin colère à cause que j’avais parié 20 billes caca et 5 billes en verre que c’était Cornaille qui allait gagner ! Mais le mec qui suivait Daniel il a dit que son poulain, il avait pas eu de chance : il avait pété huit boyaux, aujourd’hui… Alors je te dis pas qu’il était pas content du tout quand l’aut’ reporter a dit à la radio que pour une fois les T.P. ils avaient bien arrangé la route territoriale !
Une fois que tous y sont là… mais il a fallu attendre fin longtemps l’arrivée de Canaldo… Ben, ce fut la cérémonie de remise du maillot jaune et pour çà on a envoyé nos plus belles filles avec des bouquets de lantanas et d’hibiscus pour embrasser nos cyclistes.
C’est le moniteur qui avait choisi les filles à l’école, alors il avait dit à Titine :
«  Non !… pas toi … à cause qu’avec la paire de papayes que tu te trimballes, tu pourras jamais tenir le bouquet et embrasser le mec en même temps ».
Hélas, le soir descend doucement sur nous comme un voile incolore et insipide (çà, c’est le moniteur qui nous a dit de toujours mettre des choses poétiques dans nos rédactions à cause que çà fait bien, quoi !)
Et l’heure de rentrer se fit nettement sentir par la base… Oui, on avait fin mal aux jambes !
Voilà le tour cycliste : j’ai rien fait … j’ai pas bien vu mais… Je suis fin content cômême !

LE VOYAGE EN CHINE !

Hé… ‘chui monté pour la première fois en Avion avec Lolotte pour aller en Chine… Lolotte c’est ma vieille… enfin ma Dulcinée, comme y’ disent les Zoreils…
Eh !… si tu verrais la gueule de la Dulcinée… Bon, c’est vrai que moi j’ai pas non plus le look de Mickaël Jackson… Ce serait plutôt Carlos… Mais Lolotte c’est vraiment plusse pire… Tu vois, Lololotte, elle peut pas arriver derrière toi sans faire de bruit pour te surprendre… A cause de la masse d’air qu’elle déplace… Tu la sens arriver quoi !

Eh !… Moins cinq …on pouvait pas barrer… Elle nous a pété une maladie, trois mois avant le départ… Une maladie des bonnes femmes, la maladie à la noix, quoi… Bon comme çà se passait du côté du sexte… j’ai fait ni deux ni trois, j’ai tout suite emmené Lolotte chez un spéléologue… Heu… un gynécologue… Non, je me gourre toujours, à cause de la petite lumière qu’ils ont là tous les deux… Remarque que d’ce côté là chez Lolotte… un spéléologue… y’ s’perdrait pas, mais y’ justifierai son boulot cômême, quoi !… Bon alors, le toubib après l’avoir ‘xaminée y’ m’a appelé à part et m’a dit : «  Eh… vot’ femme là…elle barre en couilles ». Ben çà… j’avais rien vu v’nir dis donc… J’avais bien vu les poils sous le nez de plus en plus nombreux mais çà…bon… faut dire que chez Lolotte c’est pas facile de woir quelque chose côté Sexte… Il est bien enveloppé, si tu vois c’que j’veux dire… Le toubib m’a dit : « Non, c’est une descente d’orgasme qu’elle nous fait »… Mais j’ai dit : « On fait quoi alors ? »… Y’ m’a dit : « Vous, surtout, vous faites rien… mais moi je vais lui remettre tout çà dedans » Ah ben, j’ai dit si vous pouvez tout re-rentrer, allez-z’y… Mais surtout vous serrez bien les points pace que j’ai pas envie que çà m’arrive un jour sur les adidas… Sur les adidas ou sur le tapis… c’est pareil ! Bon alors, il lui a fait une petite intervention sous euthanasie… heu… sous anesthésie… et pis tout est rentré dans l’ordre, quoi.
Pour aller en Chine, on avait pris un package tout compris dans le prix comme y’ disent les spécialistes : les billets d’avion ; la bouffe trois fois par jour ; les bus et le guide parlant caldoche… tout, quoi ! Alors j’ai dit à Lolotte : «  Va falloir péter un régime avant d’partir pour faire d’la place dans l’estomac… »  Ben, hé !… Pisque tu payes, c’est cômême mieux si tu peux tasser… Bon alors, pour woir l’avancement du chantier j’avais acheté une balance lectronique. C’est une balance normale mais seul’ment elle a pas de numéros dessus… Elle te parle, la balance… Ah, c’est super moderne ! Bon… je t’essplique : la première fois que tu montes dessus t’appuies sur un ‘tit bouton et elle te dit : « Je suis prête… ». OK… tu montes et là, elle calcule ton poids et t’annonce «  102 Kg 200… Appuyez sur un numéro  » Ah oui, paceque y’a cinq numéros… Çà c’est pour que la balance, elle sache qui t’es… Enfin… elle te quitte pas… Elle doit sawoir qui t’es quoi… C’est qui toi, si tu wois c’que j’veux dire… Et pis il te némorise comme çà. Bon alors moi j’ai choisi le N° 1 et Lolotte le 2. Quand tu redescends elle dit : « A bientôt ». Çà… fait plaisir… Non mais, c’est un truc que tu payes fin cher, mais elle est polie… elle te prend pas pour du bétail, quoi !
Au début, on a fait attention… on perdait quelques grammes par semaine… Mais bon, y’a eu la saison des crabes mous et des roussettes fin grasses… Et on s’est un peu relâchés les nous deux, quoi. En plus, un matin Lolotte était pas en forme… Elle avait pas ronflé comme d’habitude la nuit avant, brèfle, elle était pas à prendre avec des pissettes comme on dit chez nous. Elle a commencé à foutre un coup d’tatane sur le bouton d’la balance… et quand la balance a dit : «  Je suis prête »… Çà a démarré : «  Ben t’as intérêt à être prête, paceque vu l’pris qu’on t’as payé… le jour où t’es pas prête, j’vais t’bouger la gueule moi  » Et pis elle est montée dessus… Et la balance a pris son temps avant de donner l’résultat des courses… Je sais pas si elle avait la pétoche ou si elle calculait tout çà sur l’échelle de Fichter ( Fichter c’est un mec de Nessadiou… un copain à moi…), mais quand elle a annoncé «  115 Kg 800… vous avez encore grossi… ». Je te dis pas les insultes que Lolote lui a balancé dans le haut parleur : «  Qu’est-ce que çà peut t’branler… C’est pas toi qui paye la bouffe… Si tu continues à m’faire chier, j’vais t’piler ( te tirer les piles quoi…). Mais quand l’aut’ lui a dit «  A bientôt… » Là, çà a été le cyclone qui a fait déborder le creek… « Ben çà m’éton’rait que t’aies encore l’occasion d’me repeser, j’vais t’dire »… Et elle m’a demandé de la déconnectionner.

Tout çà pour te dire que quand on s’est pointé à Tontouta pour le départ… on a tété soulagé quand on a vu qu’ils pesaient les valises et pas nous, quoi !…
Comme c’était la première fois qu’on montait dans un avion… Lolotte avait putôt les férodos serrés… Ah, tu lui mettais un grain d’café d’Leroy… t’obtenais 200g de café torréfié… ( la bonne odeur de café en moins bien entendu…) Et… prêts à être servis à Chirac à l’Elysée… Remarques que moi, j’en menais pas large non plus, mais bref… Devant la vieille je fermais ma gueule quoi ! On a commencé à décontracter un peu dans la salle d’attente… Et c’est là que j’ai vu un magasin et y’avait marqué «  Duti freueu  » J’ai dit à la vieille : « Tiens on n’a pas çà à Koumac… Pacequ’on est de Koumac, Lolotte et moi… y’iens on va aller woir  ». Et pis là, j’ai butté sur une ancienne copine de classe… On était ensemble au CM2 y’a un paquet d’années… Après on s’était perdu d’vue… elle vendait des produits de beauté, dis donc… Elle voulait à tout prix refiler de la crème Résultats de Christian Diop à Lolotte… sous prétesste que çà enl’vait les rides. Comme je lui z’ai dit : Non mais, t’as vu la gueule à la vieille… Entre le marquage du bétail, la pêche aux crabes en plein soleil, le repiquage des légumes… c’est plus des rides qu’elle a… C’est des sillons d’ignames ! Christian Diop, Zabet’ Rubystein… ou Huîtres de Guerlain…, y’ peuvent plus peau d’balles pour elle ! Mais par contre, là où j’ai toussé… c’est quand j’ai vu le prix de la bouteille carrée… aussi bien la tiquette normale que la noire : au moins 2000 francs moins cher ! J’ai dit à la copine : « Bon j’ai pas l’temps d’remonter à Koumac là, mais tu vas m’en faire livrer 3 caisses de chaque chez l’frangin » Elle m’a dit : « Eh, mais on n’a pas l’droit… faut tout prendre maint’nant ! »
Je voyais pas Lolotte en train de se trimballer les caisses pendant 15 jours, tu vois… Non ! Paceque pour porter elle est pas feignante… elle a l’habitude avec les cerfs… Mais bon… j’en ai ach’té 4 bouteilles de chaque, j’ai tassé tout çà dans l’sac à doigts de la vieille… Elle s’en est même pas rendu compte… et pis là on est monté dans l’avion !
Moi j’avais demandé une place vers le fond… à côté d’une fenêtre… Paceque je touche un peu la mécanique, tu wois… Alors je me suis dit que de là je pourrais surveiller les moteurs… Des fois qu’il y ait une couille dans l’manou en cours de route… Comme çà je pourrais donner mon avis au pilote… Ben, quand on peut rendre service hein !… Et… quand Lolotte s’est encastrée dans l’fauteuil à côté d’moi… avec le décallage horaire dis donc, son avant bras droit prenait au moins un bon tiers du fauteuil d’après. Et c’est là qu’on a vu le p’tit Zoreil qui arrivait dans le sentier entre les deux rangées de sièges. Au fur et à mesure qu’il avançait et qu’il regardait sur son ticket le numéro de sa place… il changeait de couleur, dis donc. On sentait bien qui pensait : «  C’est pas possible que çà m’arrive à moi », et qu’il cherchait un terrain de dégagement mais awa… l’avion était aussi plein que les crabes qu’on avait bouffés la veille du départ !
Pis, y’ s’est résigné… y’ s’est tassé comme il a pu… tout d’traviole, à côté de la vieille… Pacequ’elle a pas bougé d’un poil, j’vais t’dire… Et pis y’ s’est aperçu qu’elle était assise sur l’aut’ bout de sa ceinture… et il a commencé à fouiller là d’sous ! Au début Lolotte a rien senti… faut dire qu’elle est plutôt insensible de ce côté là… Mais quand le mec a attaqué la moelle pépinière… elle lui a jeté un regard… qu’il a pas insisté… Non mais, quand tu vois la gueule de Lolotte de profil avec les poils de moustache et le front en bataille… t’as pas envie d’lui passer la main au cul, j’vais t’dire… même moi j’essaye pas !
Et pis y’a eu le décollement, pas de la rétine, mais de l’avion… Les copains m’avaient dit que ça… çà fait peur… awa… même pas peur !
Après l’apéro, y’ nous z’ont apporté la bouffe… Eh… quand j’ai vu la grosseur du plateau télé j’ai compris que y’allait pas awoir assez de calories pour les bêtes ! Heureus’ment… la vieille a toujours dans son sac à dos 2 ou 3 boîtes de sardines à l’huile et un bon sauciflard de cerf… D’ailleurs elle a tout de suite sorti une boîte et pis alors, Lolotte a pas besoin de ‘tite clé pour ouvrir… Eh !… elle te prend la ‘tite languette entre deux molaires et une canine, et tchoc !… en deux temps trois mouv’ments les sardines ont la gueule au soleil. Eh !… tu connais… quand le zor a vu la vieille faire ça… il a automatiquement mis les mains là… Ah, j’peux t’dire qu’il a pas laissé traîner sa languette pendant tout l’reste du voyage ! Lolotte est fin gentille… elle lui a proposé des sardines à not’ mec… mais quand elle lui a présenté la boîte sous le nez… il a failli dégueuler… tu sais ces types trop maigres, y doivent avoir des tuyaux trop petits, alors avec la pression dans l’avion y tiennent pas l’coup quoi !
Remarque, que moi je me suis choppé un sacré mal de crâne… Mais comme j’ai toujours de la pommade chinoise sur moi, je m’en suis foutu une bonne couche sur le front pour guérir quoi !
Au début… le zoreil y’ s’est demandé c’que c’était cette odeur… Mais quand il a vu mon front jaune comme une dorade… il s’est mis à l’air dans l’sentier entre les sièges le mec !
Je te passe sous silence la sieste Knk qu’on a pétée Lolotte et moi… et quand je te dis sous silence !… Bon… nous on a rien entendu. Mais y’ paraît que le voyage a été esstrêmement long pour tous ceux qui étaient assis autour à cause de nos ronflements infernaux d’après le serveur qui nous amenait le petit déjeuner. Y’ suffisait de regarder la gueule du p’tit Zor pour en être persuadé : il avait pas dû fermer l’œil de la nuit le pauv’ ! Il avait des poches sous les yeux comme c’est pas possible !
Bon, pour un premier voyage çà s’est bien passé. Mais alors… tout est petit dans l’avion : à l’apéro… faut woir la gueule des bouteilles de whisky… Il a fallu que j’en mette deux pour avoir la dose caldoche quoi… Les bouteilles de pinard c’est pas mieux, les fauteuils… je t’en ai déjà parlé… Pour les Vécés, quel cinéma ! Lolotte nous a mené dans les WC… Quel piège à la con…elle a pas eu de problème pour rentrer mais une fois dedans… impossible de tourner la vieille… Alors, elle a d’abord été obligée de monter sur la chiotte pour faire pipi et quand elle a voulu ressortir en marche arrière… elle pouvait plus ouvrir la porte : plus elle poussait et moins çà ouvrait… Il a fallu la démonter… la porte, pas Lolotte…
Ah, oui !… Tout est vraiment petit dans ces avions… Enfin… pas tout, quand on y réfléchit bien… Y’a quelque chose qui est gros… et qui aurait même tendance à devenir de plus en plus gros : C’est le prix du billet, mon frère !…

Décembre 1996

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