Déwé GORODEY

Fille de Waia Gorodé décédé en 1981, auteur d’un recueil : Souvenirs d’un Néo-Calédonien ami de Maurice Leenhardt, et d’un manuscrit, écrit en français, paicî et ajië, intitulé Mon école du silence. Déwé Gorodey poursuit avec talent l’œuvre héritée de son père.
Elle fait des études littéraires à Montpellier, de 1969 à 1973, qui marquent les vrais débuts de l’écriture poétique, la découverte des écrivains de la négritude, et de Karl Marx
Ce séjour en France est également le déclencheur d’une prise de conscience politique et un engagement qui la mènera en prison avec Elie Poigoune et Jean Paul Caillard. en Nouvelle Calédonie
Licenciée en lettres modernes, elle commence à enseigner en 1974, le français, le paicî, et la littérature océanienne, au Mont-Dore, à Houaïlou (1983), Poindimié (1996), et Nouméa (1999), à l’université de la Nouvelle-Calédonie.
Après la publication de poèmes seule ou en collaboration (Sous les cendres des conques, en 1985 ; Par les temps qui courent, en 1996 ; Dire le vrai, en 1999 ; Avant que la nuit tombe, en 1999) et de deux recueils de Utê Mûrûnû, petite fleur de cocotier, en 1994, et L’Agenda, en 1996, elle s’essaye au théâtre avec Kënâké 2000, mis en scène par Pierre Gope, au théâtre de Poche, à l’occasion du VIIIe Festival des arts du Pacifique à Nouméa.
En octobre 2005, Déwé Gorodé signe avec L’Épave, un premier roman kanak.
De nombreux autres livres suivront : Graines de pin colonnaire, un second roman en septembre 2009 ; Tâdo, Tâdo, wéé ! – No More Baby, en 2012 ; À l’orée du sable, un recueil de poèmes, suivi en 2016 par Se donner le pays, édité à Paris avec Imasango.
A coté de l’oeuvre littéraire Déwé Gorodey a mis en place des outils culturels par sa participation à tous les gouvernements au lendemain de l’Accord de Nouméa, notamment : l’académie des Langues kanak, le Poemart, la Sacenc, la maison du Livre de Nouvelle-Calédonie, le salon international du livre océanien, la Case des artistes, le festival des Arts du pays, les maisons de la femme, Empreintes.
Elle participe à tous les gouvernements qui suivent de 2001 à 2015, assumant même la vice-présidence jusqu’en 2009. À compter de cette date, elle est aussi chargée de la Condition féminine et de la Citoyenneté, jusqu’à la fin de son dernier mandat en 2019.
Sa trace reste immense.

L’Hommage de Jean Vanmai à Déwé Gorodey le 16 août 2022 :

C’est avec une profonde tristesse que j’ai appris la disparition de DéWé. Je m’y attendais. Car depuis quelque temps déjà elle était alitée. Mais tout de même à 73 ans…
Certes, nous n’avions pas les mêmes aspirations politiques, mais unis fortement par l’écriture. Nous nous sommes mieux connus lorsqu’en 2002 avec une forte délégation de l’association des écrivains (AENC), nous nous étions rendus au Salon du livre insulaire d’Ouessant.
Un salon qui nous a donné l’idée de créer au retour, un semblable événement littéraire sur le Caillou. Le tout premier SILO (Salon International du Livre Océanien) eut lieu de ce fait un an après à Poindimié, en 2003.
Et c’est de ce voyage, au vu du double affichage en français et breton sur les panneaux indicateurs de noms des lieux, que Déwé a pris la décision de les appliquer en Nouvelle-Calédonie.
La femme de lettres reste cependant indissociable de sa prise de conscience politique. Sa plume forte et puissante se met aussi parfois au service de sujets difficiles, comme les violences faites aux femme, dans L’Epave. Et c’est chez elle, à Ponérihouen, qu’elle aimait le mieux se poser pour écrire.
Déwé Gorodey l’indépendante et indépendantiste, engagée politiquement, était bien connue également pour sa franchise et sa fermeté.
Militante indépendantiste convaincue donc, Déwé Gorodey aura mené tous ses combats avec dignité et sincérité, tout en respectant les convictions des autres.
À ce titre, elle fut un modèle.
De là où tu es, repose en paix Déwé et veille sans exception sur tous les habitants de la Nouvelle-Calédonie si différents mais tellement proches les uns des autres.
Jean Vanmai

Document :RFO NC – Alexandre ROSADA

Publications

Sa volonté de faire connaître la culture et les traditions kanak, tant sur le plan oral (elle est conteuse traditionnelle) qu’écrit pour la faire connaître au monde, a poussé Déwé Gorodey à écrire de nombreux poèmes, contes et nouvelles :

  • Sous les cendres des conques, éd. Edipop, 1985 : recueil de poèmes
  • Utê Mûrûnû, petite fleur de cocotier, éd. Grain de Sable, 1994 : nouvelle
  • L’Agenda, éd. Grain de Sable, 1996 : nouvelle
  • Par les temps qui courent, éd. Grain de Sable, 1996 : recueil d’aphorismes
  • Dire le vrai-To Tell the Truth, en collaboration avec Nicolas Kurtovitch, éd. Grain de Sable, 1999 : recueil de 18 poèmes bilingues, traduits en anglais par Raylene Ramsay et Brian Mackay
  • Kënâké 2000, pièce de théâtre mise en scène par Pierre Gope au Centre d’Art de Nouméa (Théâtre de Poche) lors du VIIIe Festival des Arts du Pacifique en 2000
    Le vol de la parole, en collaboration avec Weniko Ihage, éd. Edipop, 2002 : recueil de nouvelles
  • The Kanak Apples Season, éd. Pandanus, Sydney, 2004 : anthologie de l’ensemble de ses nouvelles traduites en anglais par Peter Brown
    Sharing as Custom Provides, éd. Pandanus, Sydney, 2005 : anthologie bilingue de ses poèmes traduits en anglais par Raylene Ramsay et Deborah Walker
    L’Épave, éd. Madrépores, Poindimié, 2005 : roman psychologique sur les violences faites aux femmes
  • Trente ans du Palika – En chemin vers la citoyenneté, Edipop, Nouméa, 2006, essai
    Graines de pin colonnaire, éd. Madrépores, Nouméa, 2009, roman
    Tâdo, Tâdo, wéé ! ou « No more baby », éd. Au Vent des Iles, Pirae, 2012, roman
    A l’orée du sable, Paris, Vents d’ailleurs, 2014