
Carnet de Christophe Auffin – extrait N°2
Waldorf Hôtel, Auckland 11 ou 13 juin 2012 ? Je doute de la date exacte. Pourrais-je avoir rêvé ces deux journées ? Je me suis certes assoupi dans la voiture des Strong et me suis réveillé juste avant l’arrivée devant l’hôtel… je m’en souviens très bien… aurais-je devancé de manière onirique les deux journées qui m’attendaient ? Est-ce l’anniversaire de la mort d’Angela qui me perturbe à nouveau ? Je pensais que ça allait mieux… Ou bien est-ce un malaise, un engourdissement passager que j’aurais prolongé au gré de mon imagination, devant la tombe aux dates effacées? Un trouble qui m’a fait gamberger ? Un blanc, une parenthèse étirée par mon cerveau ? Une histoire à dormir debout ? Cependant, ces deux journées m’ont paru bien réelles : les marches en ville, le contact du sol sous mes semelles, la bibliothèque du « City Council », la vieille dame serviable m’ayant aidé à traduire, le goût des expressos sur Parnell Road, le croquant de la salade grecque, le vent dans le feuillage des arbres, le parfum des sushis au resto japonais, mon essoufflement en faisant coulisser la dalle et la lampe que j’ai achetée… pourquoi n’ai-je pas gardé le reçu ? J’aurais dû payer avec ma carte Visa et j’aurais eu la date du 13 juin 2012. Imprimée sur un reçu. Une preuve tangible ! Il y a aussi mon coup sur la tête en me relevant de… Mais oui ! tout à l’heure sous la douche en me rinçant les cheveux, j’ai tâté mon crâne à l’endroit du choc supposé et la zone était douloureuse… Et ce carnet avec mes notes précises datées du 11 juin et du 12 juin 2012, je n’ai pas pu les inventer… c’est noir sur blanc ! C’est mon écriture, j’entends encore le bruit du glissement feutré du stylo sur le papier. Je vais tenter d’aller dormir. Un demi Temesta m’aidera à m’assoupir et j’aviserai demain. Le mystère et son explication résident inévitablement dans le cimetière. Je le sais. Je dois inspecter à nouveau la tombe « Footbridge ». Demain… Est-ce que demain signifie quelque chose ?