Hélène Bessette à découvrir ou redécouvrir…

Hélène Bessette (1918-2000) a publié 13 romans chez Gallimard entre 1953 et 1973, gagné le prix Cazes en 1954, été à deux reprises en lice pour le prix Goncourt et le prix Médicis.
Elle vécut trois ans en Calédonie avec son mari de 1946 à 1949.
Acclamée par plusieurs auteurs et critiques renommés, cette écrivaine majeure reste encore aujourd’hui étrangement peu connue. Ses romans avant-gardistes mettent à mal les codes narratifs traditionnels. En plus de son oeuvre romanesque, elle a tenu une série de journaux et d’œuvres autobiographiques dans lesquelles elle analysa ses influences littéraires, de Chandler à la poésie aborigène, et la souffrance causée par l’absence de reconnaissance qui la mena au bord
de la folie.
Cet oubli injustifié fut comblé par l’éditrice et écrivaine Laure Limongi, qui a publié sept romans d’Hélène Bessette aux Éditions Léo Scheer : Le Bonheur de la nuit (2006), MaternA (2007), Suite suisse (2008), Ida ou le Délire (2009), La Tour (2010), Si (2011), N’avez-vous pas froid (2011), tandis que Julien Doussinault lui a consacré une biographie, la première, en 2008.
Le nouvel Attila va publier dans son label Othello l’œuvre intégrale d’Hélène Bessette, qui donne à voir un monde intime, personnel et puissant, à l’image des hommes et des femmes qui y vivent. (Présentation Le Nouvel Attila / Othello).

Hélène Bessette  peut être considérée comme l’une des pionnières du Nouveau roman.

C’est après un voyage en Nouvelle-Calédonie où elle est partie trois ans avec son mari pasteur qu’elle se met à écrire.
Son roman La grande Balade est un roman de l’étrange dans lequel se trame une aventure de l’esprit en trois parties : le voyage d’une jeune personne vers les îles, la découverte des nouveautés du tropique et une évasion de l’esprit hors du monde occidental. Une recherche intérieure permettant de découvrir une nouvelle optique des valeurs humaines.
Elle n’a que trente-cinq ans quand Raymond Queneau la rencontre le jeudi 4 décembre 1952 dans les bureaux du 5, rue Sébastien Bottin, et lui fait signer un contrat qui l’engage chez Gallimard pour dix livres à venir. « Enfin du nouveau ! », s’exclame-t-il, soucieux de faire connaître celle qu’il considère comme un écrivain majeur du XXe siècle.
Hélène Bessette publie treize romans chez Gallimard, et en écrit encore beaucoup qui ne seront jamais publiés. Un des romans publiés, Les Petites Lilshart, qui est une version remaniée des Petites Lecocq, est retiré des ventes en 1956 après un procès pour outrage aux bonnes mœurs et diffamation. Aussi une pièce de théâtre. Le tout en seulement vingt ans, de 1953 à 1973. Elle obtient le prix Cazes de la brasserie Lipp pour son premier roman, Lili pleure, en 1954, et ses autres romans sont régulièrement retenus sur les listes du prix Goncourt.
Elle était institutrice, à Roubaix, à Saint-Prest et à Saint-Georges-sur-Eure, mais démissionne en 1962 pour se consacrer à l’écriture. Longtemps soutenue et admirée par des écrivains comme Marguerite Duras, Nathalie Sarraute, Simone de Beauvoir ou Dominique Aury, et par les critiques Alain Bosquet et Claude Mauriac, elle reste injustement méconnue.
Son dernier roman, Ida ou le délire, est publié en 1973.
Elle meurt trente ans plus tard, dans l’indifférence générale, le 10 octobre 2000, au Mans.

Un membre de l’association des écrivains calédoniens, Thierry Charton professeur de Philosophie, nous en fait l’éloge lors d’une conférence le 26 juin au Centre Culturel Tjibaou de 15h à 18h30.

Précédemment, dès l’été 2018, lors d’un colloque d’une semaine consacré à l’écrivaine au Centre international de Cerisy-la-Salle, sous la direction de Claudine Hunault, Cédric Jullion et Julien Doussinault (biographe d’Hélène Bessette), un autre membre de notre association, Anne Bihan, avait œuvré à un premier défrichage et éclairage à propos du séjour calédonien d’Hélène Bessette, et de son rôle majeur dans sa trajectoire littéraire. Fondée, nous précise-t-elle, sur un travail ayant mobilisé tout particulièrement Ismet Kurtovitch et Christophe Dervieux du Service des archives de Nouvelle-Calédonie, ainsi que de nombreux témoins dont Madame Evelyne Lèques, fille du pasteur Lacheret ayant connu Hélène Bessette, son intervention intitulée « Hélène Bessette – D’un autre hémisphère » paraîtra très prochainement dans les actes de ce colloque au Nouvel Attila. Anne poursuit ses recherches et interventions relatives à Hélène Bessette, son œuvre et la Nouvelle-Calédonie. Une rencontre est notamment prévue le 22 septembre au Théâtre – Scène nationale de Saint-Nazaire, à l’invitation de l’association L’Ecrit parle. Elle a également évoqué l’œuvre à l’Institut français de Stockholm, et lors de diverses lectures.