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JEAN VANMAI, passeurs de mots (caraktères N°30)

https://www.rosada.net/carakteres/carakteres30.html

Rencontrer Jean Van Maï c’est d’abord affronter le regard d’un homme atttentif à vos paroles, c’est aussi écouter une voix grave dont le phrasé clair et distinc délivre un propos précis…Puis à mieux l’écouter on ressent à quel point sa communauté Vietnamienne vit aussi à travers lui, intensément, jusque dans son écriture qu’il utilise comme témoignage et trace d’un passé, douloureux, presqu’encore à fleur de peau.
C’est de cette écriture du Moi transformé en écriture du Nous dont il nous a parlé lors de notre entretien au Mont Coffyn. Là dans une parole d’humilité il nous a donné la joie de revivre avec lui son cheminement personnel…Aussi avons nous découvert derrière l’Humain fragile et déterminé, un Auteur qui s’en défends, tissant son oeuvre au fil du temps…

Nous commençons ce récit de vie par son enfance à la Mine Chagrin où ses parents, des Tonkinois furent employés à leur arrivée sur le Caillou. Des conditions de vies « spartiates » dit-il.
Jean Van Maï est né en 1940.
Il évoque sa scolarité à Nouméa, son apprentissage et son goût des études. Il fut persévérant et opiniâtre car il apprit son métier d’electronicien par lui-même et par correspondance..et dans son studio sans électricité, il s’éclairait avec du courant provenant d’une batterie rechargée dans un garage de Nouméa qu’il allait chercher avec son vélomoteur…! Plus tard ce goût des études le conduisit aussi à apprendre l’ Anglais et le Commerce, avec autant de rage au coeur…Dans les années 1974, il continuera avec des études de Littératures toujours par correspondance…

« C’est un trait de mon caractère, cette obstination « dit il même si je désepère mon entourage. Dans une famille Vietnamienne l’ainé des garçons doit réussir dit-il et tout est mis en oeuvre pour cela poursuit il c’est la tradition ! …même si mes soeurs ont été sacrifiés regrette-t-il….
Nous poursuivons sur la littérature et il nous apprends la sortie du dernier tome de sa trilogie. Un troisième chapitre intitulé « Pilou Pilou : La ville aux mille Collines ». Un ouvrage qui englobe la période 1931 à 1987. Jean Van Maï nous rappelle l’origine de cette saga et nous écoutons un passage du Livre….Puis notre conversation aborde le thême de l’altérité et du regard des autres sur sa communauté, à une époque les années 50,où sévissait un racisme « anti-viets… Il le déplore mais il ajoute aussitôt que certains de ses compatriotes n’ont pas non plus, été tendre avec lui, lorsqu’il voulut rester en Calédonie et ne pas retourner au Vietnam, alors vous voyez, conclut-il le racisme venait des deux cotés.

…Et cette période trouble a certainement jouée dans le désir d’écrire chez Jean Van Maï. Une écriture pour se souvenir, comme un devoir de mémoire, l’envie de laisser une trace, à une époque, les années 60, où rien n’existait, aucuns livres sur la douleur et la blessure de cette communauté Vietnamienne…à la fois enracinée en Calédonie tout en étant déracinée de leur propre pays…
Jean Van Mai nous raconte ce « déclic » ou comment en passant devant l’ancien Magasin Barrau, il fut interpellé par le titre d’un ouvrage « Chasseur Blanc Coeur Noir »…aussitôt en restant sur le Caillou, il voulut devenir ce témoin, de son propre peuple et il passa à l’acte…Ainsi en 1980 il publie « Chang Dang », couronné à Paris par le Prix de l’Asie pour son mérite humain et historique, puis la suite est édité en 1983 c’est  » Fils de Chang Dang ». L’Histoires des Vietnamiens en Calédonie étaient enfin écrite pour la Mémoire « j’étais libéré dit-il j’avais enfin gagné une sérénité ».Mais les gens ont eu peur par cette vérité poursuit-il. Au passage il remercie Bernard Brou de la Société d’Etudes Historiques.
Depuis « l’écriture est devenue un virus » nous dit Jean Van Maï, « je vis intensément mes personnages » et puis écrire « c’est prendre des risques et on y prends goüt à dire des vérités » poursuit-il. « L’acte d’écrire est ce qui me touche au plus profond, je vis mes émotions » et l’écriture est un peu « comme une libération ». Mais je n’écris pas pour dire la haine ni régler des comptes.

Alors cette matière écrite de faits vécus par vous-même ou votre communauté vous place-t-elle dans la position d’un romancier ou dans celle d’un historien ? « Je ne suis pas un historien » nous réponds Jean Van Maï, j’aime les ethnies, mais pour moi il ne s’agit pas de passion, c’est un juste un sujet et ajoute t-il « je ne pense pas être un écrivain », je pense que « nous tous qui écrivont en Calédonie sommes des pionniers et des précurseurs mais qu’il y aura une autre génération d’écrivains qui seront eux de grands écrivains » dit il. Pourtant continue-t-il je ne vois pas de relève pour l’instant du coté Vietnamien mais il l’appelle de ses voeux.
Et le territoire fait il assez pour le Livre ? J’ai du mal à répondre par l’affirmative poursuit-il.

Pour l’heure Jean Van Maï, détient trois manuscrit écrits mais ils sont dans un tiroir et seront peut être un jour publiés..
Nous évoquons une autre facette de sa vie, son action politique. Alors écrira-t-il un jour sur cette période ? Non réponds-t-il même si cette expérience a enrichit ma vie et a été intérressante à plus d’un titre. Nous terminons notre entretien sur les auteurs préférés de Jean Van Maï, c’est Gustave Flaubert dit il, quand aux écrivains du Caillou, quels sont ses favoris ? « Je préfére garder ma réponse pour moi » dit il.

Nous entendons dans l’emission plusieurs extraits de textes lus des livres de Jean Van Maï. Ces passages sont lus par Cécile Renneteau, Laurent Chenas, Frédéric Ohlen, et Jean Claude Pinpin.

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