L’âge du perroquet banane – Editions Herbier de feu
Présentation critique par F.Ohlen, éditeur
Si l’on est, à brûle-pourpoint, sommé de dire pourquoi l’on aime, on serait tenté d’écrire : parce que c’était lui (le livre), parce que c’était moi… Mais que dire s’il fallait, à toutes forces, expliquer quand même, mettre à nouveau des mots sur des mots pour justifier son choix ?
Certains livres sont bien plus que des livres. De petits vaisseaux pour nous divertir et tout oublier, l’espace d’un bref récit, copies conformes d’autres livres qui ne nous laissent au bout du conte, rien en travers de la gorge et du cœur. Mais certains, plus rares, plus ambitieux aussi, sont des mondes en soi, des écologies qui nous hissent, hors des clichés et des situations convenues à des états supérieurs de conscience.
Il était une fois un âge sans mémoire, une ère de buée et de boue, où les derniers hommes, au chevet des derniers livres, essaient de se souvenir du soleil. Un cataclysme est venu effacer l’ancien monde. Le ciel s’est obscurci. Tout baigne dans un perpétuel demi-jour. N’y subsistent que des lambeaux d’humanité réfugiés dans les grottes ou les cimes. Les uns, frêle communauté bien décidée à survivre et à transmettre les valeurs éternelles avant le retour du Bleu ; les autres, divisées en sectes et factions, obsédés par leur faim de pouvoir et leur faim tout court.
Comment recommencer ? Comment fonder une société qui ne soit pas vouée à sa propre dévoration ? Suffit-il de noter les rêves des hommes, de ressasser les mythes, de former les enfants, devenus le véritable enjeu de ce monde en sursis, pour éviter que ne renaisse l’arbitraire ? Sommes nous condamnés, tels des perroquets maudits, à répéter les mêmes erreurs ? L’Art et la Science sont-ils à jamais impuissants face à la sûre montée de la haine et de la barbarie ?
Telles sont les belles questions que pose, « voyageur de l’impossible », le livre de Claudine Jacques.
Frédéric OHLEN

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