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L’écrivaine du pays et des passions…

L’écrivaine du pays et des passions a sorti en juin le premier tome d’une saga historique féministe. Une œuvre tournée vers la jeunesse, dont elle aimerait qu’on s’occupe davantage.
On croit Claudine Jacques sur parole quand elle assure : « je ne connais pas l’angoisse de la page blanche ». A son actif depuis vingt ans qu’elle est publiée : une pile de nouvelles et de romans, une pièce de théâtre, et un carton de livres jeunesse. Victoire, premier opus de sa saga historique Un si long battement de cœur, est sorti il y a peu. Elle a les trois tomes suivants sous le coude. Ainsi qu’un roman océanien dans la veine légendaire et fantastique, le Bouclier rouge. Chaque jour, au saut du lit, celle qui se décrit comme une « besogneuse », attrape son café et s’assied devant l’ordinateur pour une séance d’écriture qui dure jusqu’à midi. Bien qu’elle caresse l’idée de faire un roman érotique, et si la sensualité de sa plume frappe dans Victoire, histoire d’une pionnière qui aligne les passions, elle se défend pourtant d’être écrivaine de l’amour. « Mon thème, c’est le pays, dit-elle. La Calédonie m’a tout donné, j’essaye de lui en rendre un peu à travers mes livres. » Assis avec elle dans son immense salon des hauts de Bouraké, face à un panorama grillé et superbe, on comprend sa reconnaissance.
Femmes. L’itinéraire de la gamine débarquée de Belfort, devenue vestale des lettres calédoniennes, qui vous accueille avec un naturel distingué, pieds nus, dans une villa de rêve pleine de trophées de chasse, pique la curiosité. Elle botte en touche. « Il y a vingt ans que je publie, j’ai raconté mon histoire dix fois dans le journal, cela va ennuyer les lecteurs. Parlons d’écriture. » On saura juste que les léopards et buffles empaillés qui habitent le salon ont été chassés par son père en Centrafrique, il y a longtemps. Et que sa maman, qui vit à Nouméa, est sa première lectrice. « C’est elle qui m’a donné le goût des livres. » Avant de se mettre au roman, Claudine Jacques a signé trois recueils de nouvelles. Sans voir la nouvelle comme l’antichambre du roman. « C’est une forme difficile, dit-elle, que j’estime énormément. » Le passage au pavé s’est fait pour développer les personnages, les installer dans la durée. Dans Un si long battement de cœur, l’auteure, qui se revendique « féministe », suit une lignée de calédoniennes, des années 1860 à nos jours. « Dans l’ombre, les femmes ont joué un rôle essentiel dans la construction du pays. J’ai voulu les mettre en lumière. » Elle a réservé les raffinements littéraires et la construction savante pour le Bouclier rouge, actuellement entre les mains d’éditeurs métropolitains. La saga, elle, est troussée pour les jeunes, dans un style accessible, avec moult péripéties. « L’idée est de les intéresser à leur histoire », espère-t-elle.
Beauté. Observatrice intéressée de la politique locale, elle n’envisage pas de s’y lancer, car elle ne se « retrouve dans aucun parti ». L’écrivaine inscrite au programme scolaire souhaite surtout que les élus « fassent enfin quelque chose pour ces gamins en difficulté, qui se cachent sous des capuches alors qu’ils sont si beaux. Ils ont besoin qu’on les aide à se construire un avenir ! » Une empathie qui sonne vrai, confirmée par ses textes sensibles où les personnages sont vus dans leur complexité. Elle qui dit ne pas avoir compris le mouvement des « indignés », « trop négatif » à son goût, s’est tout de même fâchée contre les paroles de l’hymne calédonien. « Une resucée de Marseillaise. Un choc inesthétique. » Et de lancer cet appel, qui résume aussi son œuvre, fond et forme : « nous sommes un pays neuf. Nous avons besoin de beauté pour vivre ! »
Antoine Pecquet

 

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