JULIEN ALI est l’auteur de « Ce qui nous fait » dans le dernier SILLAGES d’OCEANIE « Je mange donc je suis ».

-Pourquoi avoir écrit ce texte ?
La première chose qui m’est venue en pensant au thème de la nourriture proposé cette année pour le Sillages, c’est à quel point je n’ai jamais écrit sur ce sujet. J’ai lu Une Gourmandise de Muriel Barbery et c’est une littérature que je n’ai jamais essayé d’imiter. En revanche l’idée d’être un sujet nourri par son environnement et par ce à quoi il est exposé m’a paru pertinent dans l’idée que « je mange donc je suis », et reflète certaines de mes idées. J’ai donc pris cette direction.
-Votre personnage vous ressemble, direct et enjoué. C’est vous ?
Il y a toujours de soi dans tous les personnages qu’on écrit ; mais en particulier pour celui-là je dirais que ce serait plutôt un moi avec une vingtaine d’années de plus tel que je pourrais m’imaginer. Quand il faut écrire au sujet d’idées qui me sont importantes, le personnage qui les invoque a souvent tendance à ressembler à son auteur…
-La littérature selon vous est-ce une ouverture à autrui ?
Oui absolument. L’écriture a d’abord été développée pour conserver des informations dans le temps pour que d’autres puissent en prendre connaissance. La littérature a suivi le même chemin : des porteurs d’idées et de narrations dédiées à ceux qui les comprendront. Ecrire c’est s’ouvrir à soi-même, et en faire de la littérature, donc faire usage des codes narratifs qui y sont liés, c’est je pense proposer aux autres un peu de soi.
-Votre nouvelle « Ce qui nous fait » parle de jambon beurre et d’Albert Camus ! N’est pas absurde ? (lol)
En effet, craignant ne pas pouvoir assumer un texte d’une littérature que je n’ai jamais pratiqué, j’ai pensé amusant l’idée d’évoquer le repas français le plus ordinaire dans un texte qui parle d’être nourri par ce qu’on absorbe. Donc une manière absurde de rester dans le thème ; même si l’absurdisme de Camus nous parle de bien d’autre chose…
-Tout finit par un don. Est ce le propre des livres de circuler et de voyager ?
Certains des livres que j’ai le plus aimés m’ont été offerts, à des occasions parfois inhabituelles. J’en ai aussi perdu un paquet, à les avoir prêtés ici et là, des livres que je ne regrette pas car j’espère qu’ils ont servi à bien d’autres yeux que les miens. Je pense que les livres doivent circuler, qu’on doit les prêter, en parler, c’est le propre de l’écriture même que de véhiculer des idées, et qu’on fait alors vivre la littérature.